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20 avril 2014 7 20 /04 /avril /2014 20:03

Des Prophètes-Guerriers ?

Un écrit contemporain aux premières incursions musulmanes à Gaza rapporte la déclaration suivante : "Le prophète qui est apparu chez les Saracènes (...) est un faux prophète : les prophètes viennent-ils avec épées et chars de guerre ? (...) Il n'est question que d'effusion de sang humain. Il dit aussi qu'il détient les clefs du Paradis, ce qui est incroyable" (Doctrina Jacobi, V). Une déclaration qui reflète un point de vue commun aux juifs et chrétiens : un prophète n'est pas un combattant.
Le Coran soutient l'avis contraire : Combien de prophètes ont combattu, en compagnie de beaucoup de disciples, ceux-ci ne fléchirent pas à cause de ce qui les atteignit dans le sentier de Dieu. Ils ne faiblirent pas et ils ne cédèrent point. Et Dieu aime les endurants (Coran III, 146). Partant de ce point de vue, il n'y a donc rien d'étonnant à ce que le prophète de l'islam soit un guerrier : Ô Prophète, incite les croyants au combat. S'il se trouve parmi vous vingt endurants, ils vaincront deux cents (...) Un prophète ne devrait pas faire de prisonniers avant d'avoir prévalu sur la terre (Coran VIII, 65.67)

Le Coran déclare que le prophète de l'islam et ses disciples, lorsqu'ils partent au combat, agissent comme l'ont fait leurs prédécesseurs. Voici cependant le seul exemple qu'il développe : N'as-tu pas su l'histoire des notables, parmi les enfants d'Israël, lorsqu'après Moïse ils dirent à un prophète à eux : "Désigne-nous un roi, pour que nous combattions dans le sentier de Dieu". Il dit : "Et si vous ne combattez pas, quand le combat vous sera prescrit ?" Ils dirent : "Et qu'aurions-nous à ne pas combattre dans le sentier de Dieu, alors qu'on nous a expulsés de nos maisons et qu'on a capturé nos enfants ?" Et quand le combat leur fut prescrit, ils tournèrent le dos, sauf un petit nombre d'entre eux (...) Et leur prophète leur dit : "Voici que Dieu vous a envoyé Tâloût pour roi" (...) Puis, au moment de partir avec les troupes, Tâloût dit : "Voici : Dieu va vous éprouver par une rivière : quiconque y boira ne sera plus des miens ; et quiconque n'y goûtera pas sera des miens -passe pour celui qui y puisera un coup dans le creux de sa main" Ils en burent, sauf un petit nombre d'entre eux. Puis, lorsqu'ils l'eurent traversée, lui et ceux des croyants qui l'accompagnaient ils dirent : "Nous voilà sans force aujourd'hui contre Goliath et ses troupes !" Ceux qui étaient convaincus qu'ils auront à rencontrer Dieu dirent : "Combien de fois une troupe peu nombreuse a, par la grâce de Dieu, vaincu une troupe très nombreuse ! Et Dieu est avec les endurants" (...) Ils les mirent en déroute, par la grâce de Dieu. Et David tua Goliath ; et Dieu lui donna la royauté et la sagesse, et lui enseigna ce qu'Il voulut. Et si Dieu ne neutralisait pas une partie des hommes par une autre, la terre serait certainement corrompue (Coran II, 246.247.249.251)

Nous pouvons noter tout d'abord la morale de ce récit : la guerre est une nécessité pour éviter que le règne de la corruption ne soit instauré. Remarquons également que l'évocation de la "troupe peu nombreuse" qui peut vaincre grâce à l'aide de Dieu fait écho à la promesse faite plus haut aux "vingt endurants" qui "vaincront deux cents". Notons cependant que ce n'est pas le prophète évoqué dans cette histoire qui prend l'initiative du combat, mais bien des rois : la distinction est de taille. Le seul moyen d'étayer l'affirmation coranique serait donc la Bible ?

Commençons par le récit que nous a fait le Coran. Il mêle -du point de vue biblique- trois épisodes différents : l'expédition de Gédéon contre Madiân, la désignation de Saül comme roi par le prophète Samuel -et son combat contre les Philistins, dans lequel s'inscrit la victoire de David sur Goliath- et le combat mené des siècles plus tard par Judas Maccabée.

Commençons par évoquer ce dernier : A la vue de l'armée qui montait à leur rencontre, ils dirent à Judas : "Comment pourrons-nous, étant si peu nombreux, lutter contre une multitude si forte ? Nous sommes exténués et à jeun". Judas répondit : "Il arrive facilement qu'une multitude tombe aux mains d'un petit nombre, et il importe peu au Ciel d'opérer le salut au moyen de beaucoup ou de peu d'hommes. Car la victoire au combat ne tient pas à l'importance de l'armée, mais à la force qui vient du Ciel. Ceux-ci viennent contre nous, débordant d'orgueil et d'impiété, pour nous faire périr, nous, nos femmes, nos enfants, et nous dépouiller. Mais nous, nous combattons pour nos vies et pour nos lois et Lui les brisera devant nous. Quant à vous, ne les craignez donc pas". Dès qu'il eut fini de parler, il se rua sur eux à l'improviste. Séron et son armée furent écrasés devant lui (1 Mac III, 17-23)
Nous pouvons aisément voir la familiarité entre ce texte -admis par les catholiques, mais rejeté par le judaïsme rabbinique et par les protestants- et le passage coranique que nous venons de lire : l'armée "sans force", la victoire promise à la "troupe peu nombreuse"... Mais notons également que, là-aussi, le chef de guerre n'est pas un prophète.

Prenons les récits concernant Saül : "Donne-nous un roi pour nous juger comme toutes les nations" (...) Le SEIGNEUR dit à Samuel : "Ecoute la voix du peuple en tout ce qu'ils te diront. Ce n'est pas toi qu'ils rejettent, c'est Moi. Ils ne veulent plus que Je règne sur eux. Comme ils ont agi depuis le jour où Je les ai fait monter d'Egypte jusqu'aujourd'hui, M'abandonnant pour servir d'autres dieux, ainsi agissent-ils aussi envers toi. Maintenant donc, écoute leur voix. Mais ne manque pas de les avertir : apprends-leur comment gouvernera le roi qui régnera sur eux" Samuel redit toutes les paroles du SEIGNEUR au peuple qui lui demandait un roi. Il dit : "Voici comment gouvernera le roi qui régnera sur vous : il prendra vos fils pour les affecter à ses chars et à sa cavalerie et ils courront devant son char. Il les prendra pour s'en faire des chefs de millier et des chefs de cinquantaine, pour labourer son labour, pour moissonner sa moisson, pour fabriquer ses armes et ses harnais. Il prendra vos filles comme parfumeuses, cuisinières et boulangères. Il prendra vos champs, vos vignes et vos oliviers les meilleurs. Il les prendra et les donnera à ses serviteurs. Il lèvera la dîme sur vos grains et sur vos vignes et la donnera à ses eunuques et à ses serviteurs. Il prendra vos serviteurs et vos servantes, les meilleurs de vos jeunes gens et vos ânes pour les mettre à son service. Il lèvera la dîme sur vos troupeaux. Vous-mêmes enfin, vous deviendrez ses esclaves. Ce jour-là, vous crierez à cause de ce roi que vous vous serez choisi, mais, ce jour-là, le SEIGNEUR ne vous répondra point" Mais le peuple refusa d'écouter la voix de Samuel. "Non, dirent-ils. C'est un roi que nous aurons. Et nous serons, nous aussi, comme toutes les nations. Notre roi nous jugera, il sortira à notre tête et combattra nos combats" (1 S VIII, 5.7-19) ; Saül, fils de Qish, fut désigné (1 S X, 21) ; Les hommes d'Israël avaient souffert, ce jour-là, car Saül avait engagé le peuple par cette imprécation : "Maudit soit l'homme qui prendra de la nourriture avant le soir, avant que je ne me sois vengé de mes ennemis" Dans le peuple, personne n'avait donc goûté de nourriture (1 S XIV, 24)
Les éléments du récit sont familiers, mais la leçon donnée est bien différente : si Israël demande un roi, c'est pour être "comme toutes les nations" ; Dieu leur accorde, mais demande à Son prophète Samuel d'annoncer à Israël que ce roi se transformera rapidement, comme tous les rois, en malédiction. L'épisode de la malédiction hâtive lancée par Saül, contraignant ainsi stupidement ses hommes à combattre le ventre vide, est ainsi un premier exemple d'une longue série d'abus... Et une choses est certaine : ici, comme dans le Coran, ce n'est pas le prophète de Dieu qui mène le combat.

Revenons maintenant à l'expédition de Gédéon : Le SEIGNEUR dit à Gédéon : "Trop nombreux est le peuple qui est avec toi pour que Je livre Madiân entre ses mains ; Israël pourrait s'en glorifier à Mes dépens et dire : C'est ma main qui m'a sauvé ! En conséquence, proclame donc ceci au peuple : Quiconque a peur et tremble, qu'il s'en retourne et déguerpisse par le mont Galaad !" Vingt-deux mille hommes parmi le peuple s'en retournèrent, et il resta dix mille hommes. Le SEIGNEUR dit à Gédéon : "Ce peuple est encore trop nombreux ! Fais-le descendre au bord de l'eau, et là je le mettrai à l'épreuve pour toi. Ainsi, celui dont Je te dirai : Qu'il aille avec toi, celui-là ira avec toi, et tout homme dont Je te dirai : Qu'il n'aille pas avec toi, celui-là n'ira pas !" Alors Gédéon fit descendre le peuple au bord de l'eau, et le SEIGNEUR dit à Gédéon : "Quiconque lapera l'eau, comme un chien le fait avec la langue, tu le mettras à part, et de même quiconque se mettra à genoux pour boire" Or, le nombre de ceux qui lapèrent en portant la main à la bouche fut de trois cents hommes, alors que tout le reste du peuple s'était mis à genoux pour boire de l'eau. Le SEIGNEUR dit à Gédéon : "C'est avec les trois cents hommes qui ont lapé que Je vous sauverai et que Je livrerai Madiân entre tes mains. Que le gros du peuple rentre chacun chez soi" (Jg VII, 2-7).
Nous retrouvons ici l'épreuve de la "rivière" qui va déterminer qui ira combattre, à la différence qu'ici la "troupe peu nombreuse" a été voulue comme telle par Dieu Lui-même, selon ce qu'Il révèle à Gédéon. Nous sommes donc cette fois-ci face à un exemple biblique qui semble confirmer la vision coranique... Si ce n'est que Gédéon, comme tant d'autres personnages de la Bible, n'est pas ce que chrétiens et juifs appellent un "prophète". Alors que, d'un point de vue islamique, le fait que cet homme puisse être guidé par Dieu le classe comme tel.

Mais Gédéon n'est pas mentionné dans le Coran ; en revanche, nous trouvons ceci : Nous t'avons fait une révélation comme Nous fîmes à Noé et aux prophètes après lui. Et Nous avons fait révélation à Abraham... (Coran IV, 163). Abraham -considéré par juifs et chrétiens comme un patriarche, et non comme un prophète- est pour les musulmans un modèle : "Suivons la religion d'Abraham !" (Coran II, 135). Or la Bible rapporte comment Abraham délivra son frère Loth : "Dès que celui-ci apprit la capture de son frère, il mit sur pied trois cent dix-huit de ses vassaux, liés de naissance à sa maison. Il mena la poursuite jusqu'à Dan. Il répartit ses hommes pour assaillir de nuit les ennemis. Il les battit et les poursuivit jusqu'à Hova qui est au nord de Damas" (Gn XIV, 14-15). Nous avons donc bien là un personnage considéré comme un prophète par les musulmans et qui mène lui-même ses hommes au combat.

Tournons-nous maintenant Moïse, personnage le plus cité du Coran, et reconnu comme prophète par juifs, chrétiens et musulmans. La Bible nous donne à lire le récit suivant : Alors, Amaleq vint se battre avec Israël à Refidim. Moïse dit à Jésus : "Choisis-nous des hommes et sors te battre contre Amaleq ; demain, je serai debout au sommet de la colline, le bâton de Dieu en main" Comme Moïse le lui avait dit, Jésus engagea le combat contre Amaleq, tandis que Moïse, Aaron et Hour étaient montés au sommet de la colline. Alors, quand Moïse élevait la main, Israël était le plus fort ; quand il reposait la main, Amaleq était le plus fort. Les mains de Moïse se faisant lourdes, ils prirent une pierre, la placèrent sous lui et il s'assit dessus. Aaron et Hour, un de chaque côté, lui soutenaient les mains. Ainsi, ses mains tinrent ferme jusqu'au coucher du soleil et Jésus fit céder Amaleq et son peuple au tranchant de l'épée (Ex XVII, 8-13). Encore une fois, ce n'est pas le prophète qui combat, mais le lien entre son action et celle de son lieutenant, "Hosée, fils de Noun" à qui "Moïse donna le nom de Jésus" (Nb XIII, 16), est très étroit.

Ce Jésus -que les chrétiens nomment Josué, afin d'éviter les confusions, tout comme la soeur de Moïse, par commodité, est appelée Myriam et non Marie- ne peut manquer d'évoquer celui en qui musulmans et chrétiens s'accordent à voir le Messie. La stature de guerrier du fils de Noun s'accomoderait fort bien du passage coranique suivant : Ô vous qui avez cru ! Soyez les alliés de Dieu, à l'instar de ce que Jésus fils de Marie a dit aux apôtres : "Qui sont mes alliés pour Dieu ?" Les apôtres dirent : "Nous sommes les alliés de Dieu". Un groupe des Enfants d'Israël crut, tandis qu'un groupe nia. Nous aidâmes donc ceux qui crurent contre leur ennemi, et ils triomphèrent (Coran LXI, 14). Mais le Christ Jésus dont il est question dans ce passage du Coran, et qui, dans la Bible, déclare n'être "pas venu apporter la paix, mais bien le glaive" (Mt X, 34), a-t-il été un chef de guerre ?

Cette idée est réfutée par la scène suivante : "Celui qui n'a pas d'épée, qu'il vende son manteau pour en acheter une. Car, je vous le déclare, il faut que s'accomplisse en moi ce texte de l'Ecriture : On l'a compté parmi les criminels. Et, de fait, ce qui me concerne va être accompli" "Seigneur, dirent-ils, voici deux épées" Il leur répondit : "C'est assez" (...) Il parlait encore quand survint une troupe (...) Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : "Seigneur, frapperons-nous de l'épée ?" Et l'un d'eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui emporta l'oreille droite (Lc XXII, 36-38.47.49-50) ; Alors Jésus lui dit : "Remets ton épée à sa place, car tous ceux qui prennent l'épée périront par l'épée. Penses-tu que je ne puisse faire appel à mon Père, qui mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d'anges ? Comment s'accompliraient alors les Ecritures selon lesquelles il faut qu'il en soit ainsi ?" (Mt XXVI, 52-54). Jésus a bien demandé à ses disciples de s'armer ; mais cet armement est symbolique, puisqu'il se résume à "deux épées" dont Jésus interdit l'usage : "Remets ton épée à sa place". Sa seule raison d'être était de servir de preuve à charge afin que Jésus soit "compté parmi les criminels" comme l'avait prophétisé l'Ecriture.

Il n'y a donc aucune ambiguïté quant au "glaive" qu'est "venu apporter" Jésus : Vivante, en effet, est la parole de Dieu, énergique et plus tranchante qu'aucun glaive à double tranchant. Elle pénètre jusqu'à diviser âme et esprit, articulations et moelles. Elle passe au crible les mouvements et les pensées du coeur. Il n'est pas de créature qui échappe à sa vue ; tout est nu à ses yeux, tout est subjugué par son regard. Et c'est à elle que nous devons rendre compte (He IV, 12-13)

Souvenons-nous de la raison pour laquelle David se vit interdire de poser les fondations du Premier Temple : "J'avais à coeur, moi-même, de construire une Maison pour le nom du SEIGNEUR, mon Dieu. Mais la parole du SEIGNEUR me fut adressée en ces termes : Tu as répandu beaucoup de sang et tu as fait de grandes guerres. Tu ne construiras pas de Maison pour Mon Nom, car tu as répandu beaucoup de sang sur la terre devant Moi. Voici, il t'est né un fils qui sera, lui, un homme de repos et auquel J'accorderai le repos vis-à-vis de tous ses ennemis d'alentour, car Salomon sera son nom, et Je donnerai paix et tranquillité à Israël pendant ses jours. C'est lui qui construira une Maison pour Mon Nom" (1 Ch XXII, 7-10)
Jésus, pierre que les maçons ont rejetée (...) devenue la pierre angulaire (Ps CXVIII, 22), une pierre à toute épreuve, une pierre angulaire, précieuse, établie pour servir de fondation (Is XXVIII, 16), ne pouvait donc être un chef de guerre.

http://246.247.249.251

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